En grève le mardi 19 Mai 2015 !

Pour répondre au défi de l’échec scolaire il faut une réforme du collège ambitieuse, il faut « plus et mieux d’école »,

La réforme du collège est contestée de toutes parts mais les oppositions se fondent sur des intentions divergentes et proposent des alternatives qui ne sont pas de même nature. Une analyse et clarification s’imposent, la nécessité d’une autre réforme, qui se préoccupe en priorité de la réussite de tous les élèves, doit être portée lors de la grève le 19 mai.

Une réforme construite dans l’urgence, sans consultation de la profession.

Le collège est présenté comme incapable de résorber l’échec scolaire et même comme l’aggravant. Il doit évoluer. Mais aucune analyse n’est faite sur l’origine de l’échec, ni sur les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des enseignants.

Pour le SNEP-FSU, la question essentielle posée par la réforme est pourtant celle-ci : le collège ainsi réformé permettra-t-il la réussite de tous les élèves, en particulier de ceux qui n’ont que l’école pour apprendre et réussir?

La réponse est non, et c’est en majeure partie ce qui fonde notre opposition à cette réforme. Interdisciplinarité et autonomie sont annoncées comme les éléments qui vont résoudre le problème de l’échec scolaire, ce n’est pas sérieux. Comme pour la réforme des rythmes, qui était censée améliorer les apprentissages à l’école, nous devons nous demander ce qui se cache derrière ces deux « évidences » ?

L’INTERDISCIPLINARITE:

De très nombreux collègues sont déjà investis dans des projets interdisciplinaires, mais qui peut prétendre que ces types de projets peuvent, à eux seuls, donner sens aux contenus, prémunir de l’ennui et permettre la réussite de tous les élèves ? Si les élèves sont en échec dans les disciplines, n’est-ce pas d’abord dans les disciplines qu’il faut le contrecarrer en priorité ? Pour que des projets pluridisciplinaires apportent réellement aux élèves et notamment ceux les plus en difficulté, il faut réunir un certain nombre de conditions. L’expérience des parcours croisés, de découverte, les IDD devrait nous guider. Une approche « pratique » des enseignements ne garantit en rien une appropriation des concepts. Elle peut même être un leurre pour les élèves les plus éloignés des normes scolaires.

Pour le SNEP-FSU déboucher sur des « productions » d’élèves (spectacles, rencontres, expositions, débats …) est évidemment intéressant. Chaque discipline peut et doit s’en emparer et le ministère tout faire pour rendre possible et pérenne ces projets. Mais ce n’est pas suffisant.

Un réel investissement en terme de volume horaire d’enseignement, de baisse du nombre d’élèves par classe, de formation initiale et continue, centrée en priorité sur un disciplinaire qui fait sens pour les élèves, ne serait-il pas une manière plus efficace de réformer le collège ?

Cela suppose quelques moyens et l’objectif de départ « réforme à moindre coût» éclaire sur la réduction des horaires disciplinaires pour financer les Enseignements Pratiques Interdisiciplinaires  (EPI). Si le premier projet du MEN diminuait fortement les horaires disciplinaires, avec 20% d’interdisciplinarité, c’est grâce au poids du SNEP que la 4è heure en 6è et 3h en 5è, 4è, 3è ont pu être conservées. Toutefois, ces horaires restent soumis à la négociation interne dans les établissements comme peuvent le montrer les simulations en pièces jointes.

L’AUTONOMIE :

L’autonomie est le 2ème pilier de cette réforme. Quel lien avec l’interdisciplinaire ?

Le principe de la DHG n’est pas remis en cause. L’horaire élève n’est pas augmenté et 3H par classe ne sont pas pré-affectées. A partir de là commencent toutes les concurrences, et dans ce contexte l’interdisciplinarité est un bon moyen d’obtenir une marge de manœuvre sur les postes d’un établissement.

Le dogme du temps scolaire limité n’est pas remis en cause. Aujourd’hui, les horaires élèves sont de 108H pour la majorité, et de 128h pour les élèves qui bénéficient d’options. Les différentes enquêtes montrent que les élèves en situation de réussite sont ceux qui bénéficient de l’horaire le plus important. Pourquoi, alors, n’avoir pas pris cette référence de 128h pour tous ? Elle aurait permis le maintien des horaires disciplinaires et plus de projets interdisciplinaires pour tous. Le choix du MEN a été tout autre.

Dans cette réforme, « l’autonomie » correspond à:

  • Un supplément de 3h par classe et par semaine (2h45 en 2016), pour permettre de développer des axes du projet d’établissements, de travailler en petits groupes etc.).
  • La possibilité de moduler les horaires entre disciplines sans être autorisé à sortir du cadre des 26h par semaine. Cela rajoute des contraintes supplémentaires en cas d’organisation des enseignements avec des horaires par quinzaine (2heures semaine 1, 4 heures semaine 2) ou semestriels.

Comment va-t-on pouvoir mettre en place les classes sportives, les plus en EPS (groupe en natation, horaire groupé sur des stages, soutien en EPS… ?

Au bout du compte, la réforme introduit une complexité redoutable pour mettre en œuvre des choses qui, nous en sommes malheureusement convaincus, ne changeront pas les grandes problématiques de l’échec scolaire. De plus, avec le décret (D2015-415) sur les indemnités (IMP) mais aussi celui (D n°2014-1231) sur l’organisation des instances pédagogiques (conseil pédagogique, conseil de cycle) on assiste au renforcement du pouvoir du chef d’établissement sur les questions pédagogiques et on multiple encore les motifs de réunions et d’injonctions, … alors que dans le même temps, les salaires sont gelés depuis 2010 et donc en baisse avec l’augmentation des prélèvements.

Que demande le SNEP ?

La réforme doit être guidée par la lutte contre l’échec scolaire. Cela passe par des conditions d’étude et de travail améliorées et la satisfaction des revendications des personnels :

  • Une DHG qui ne soit pas à l’heure près (ou un système l’équivalent au « plus de maîtres que de classes du 1er degré) qui permette des horaires élèves plus élevés, des dispositifs de soutien et d’approfondissement, moins d’élèves par classe, des possibilités de co-interventions
  • Des moyens pour construire des projets (disciplinaires ou interdisciplinaires) à partir de besoins identifiés et de les réaliser dans l’intérêt des élèves,
  • besoin de temps de concertation sur le cœur du métier et moins de réunions inutiles ; moins d’injonctions et de prescriptions qu’elles soient d’ordre pédagogiques ou administratives
  • des installations en nombre suffisant et de qualité
  • de la formation et de la recherche pour alimenter la formation… (autres que m@gistère et l’accompagnement institutionnel qui sont des investissements à courte vue).

Pour l’ensemble de ces raisons, le SNEP-FSU vous appelle à vous mobiliser dans un mouvement contestataire de la réforme tout en étant porteur de propositions. Nous souhaitons reprendre les discussions sur des bases nouvelles.

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